SweetMelancholya
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Une chienne

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Une chienne Empty Une chienne

Message  FairyMadness Mar 6 Mar - 15:24

Le réveil brisa le doux silence.
Cet objet fut l'objet le plus haïs de toute la planète durant les 10 secondes suivant sa sonnerie.
Une main emplie de lassitude réussit à émerger de la large couverture blanche pour éteindre ce réveil maudit avant de retomber mollement sur le coté de son lit.
Divers injures soupirées et grommellements plus tard, son propriétaire réussit à trouver la phénoménale volonté qui lui permit de soulever la couverture de plomb.
La tentation de replonger dans le sommeil était grande. Très grande.
Il trouva la force de s'asseoir avec grande difficulté. Un lourd et long bâillement vint perturber le silence. Car tout était silencieux dans la petite maison. Tout était toujours silencieux. Il faut dire qu'il n'y a pas énormément de voisinage en plein milieu de la forêt. Mais la maison ne lui a pas couté plus cher qu'un appartement parisien et il ne payait aucun impôt local. Personne ne se promenait ou chassait par ici. Trop éloigné d'une véritable ville. La ville la plus proche était à une dizaine de kilomètre, entouré de forêt, et ne comptait que 500 habitants. Le seul problème était le travail. Il n'y a pas énormément de travail par ici.
«C'est pourquoi il ne faut pas arriver en retard, alors lève-toi et marche.», se dit-il, émergent enfin de sa léthargie.
Il marcha, chancelant par lassitude jusqu'au frigo. Enfin frigo, disons plutôt que c'était un meuble en plastique à double paroi fait main avec de la glace à l’intérieur. Il en sortit une bouteille de lait en verre puis le referma. Il n'y avait pas d'électricité non plus mais ce n'était pas véritablement un problème. Avec quelques petits bidouillages, on peut très bien s'en passer. Mis à part pour le réveil bien sur. Mais lui marche à pile.
Il sortit quelques plaquettes de chocolat noir d'un placard, mélangea ces deux ingrédients dans une casserole usée par le temps puis la fit chauffer sur le gaz. Il en profita d'ailleurs pour aller chercher sa chienne, enfermée dans le sous-sol. Car jamais rien ne trouble le silence de la petite maison. Sauf la chienne. C'est pourquoi elle dort dans la cave. Sinon, elle fait trop de bruit la nuit et l'empêche de dormir. Il ouvrit la porte et la chienne en sortit, heureuse d'être libéré de l'obscurité du sous-sol. Elle lui fit la fête, aboyant bruyamment et griffant les jambes de son maître avec entrain. Il lui caressa la tête, elle en profita pour lui mordiller la main.
«Désolé, je n'ai pas le temps de jouer aujourd'hui.», répondit-il à ces invitations désespérées.
Il ouvrit la porte menant vers le jardin et la chienne s'y engouffra en courant. Enfin jardin, disons plutôt que c'est un endroit grillagé en carré. Car la chienne était fugueuse.
Au départ il se fiait à elle, mais quelques minutes plus tard, elle était introuvable. Après de longue recherche, il la retrouva, courant gaiement un peu plus loin. Il a donc mit des grillages, mais elle était intelligente. Elle avait réussis à passer par dessus. Son maître ne savait même pas qu'une chienne pouvait faire ça. Alors il a rajouté des barbelés. Mais la petite rusée à creusé un trou sous le grillage (ce qui se rapprochait tout de même plus de l'idée que son propriétaire se faisait d'une chienne). Alors, il a enterré des parpaings sous le grillage. Elle avait bien essayé de mordre les maillons, mais ils étaient bien trop résistants. L'homme pouvait donc aisément aller chercher son chocolat comme il le voulait à présent. Il mélangea le chocolat au lait afin de le rendre plus liquide, puis pris le bol dans le placard et versa le liquide à l’intérieur. Il le buvait calmement, prenant son temps. Il se levait plus tôt afin de pouvoir prendre son temps comme cela le matin. C'était un luxe dans ce monde gouverné par la tyrannie du temps. Il pouvait donc déguster son chocolat comme il lui plaisait. Le goût amère du vrai chocolat ne pouvait pas valoir le chocolat sucré que l'on vendait maintenant en magasin. Il préférait ce qui n'était pas chimique. Il avait quelques tendances écologiques.
Quand il eu finit, il nettoya son bol dans une bassine déjà pleine d'eau froide, n'ayant que cette fonction, puis le remit dans son placard.
Il alla ensuite dans la salle de bain pour faire chauffer l'eau pour son bain. En effet, toute l'eau qu'il pouvait obtenir venait des divers puits creusés dans la forêt. Certains par son père avant lui, d'autres par lui-même. Il faisait chauffer l'eau de la même façon qu'il faisait chauffer son chocolat.
De petits sons métalliques se firent timidement entendre. La chienne.
Le propriétaire de la maison marcha alors jusqu'à la porte qui menait au jardin. La chienne grattait désespérément le grillage. Elle était mignonne comme ça. Ses longs poils blonds emmêlés s'agitant dans le vent d'hiver.
«Allez rentre!», lui demanda son maître, amusé.
La chienne arrêta de gratter et lui lança un regard pitoyable. Il ne pouvait pas résister.
«Bon, ok, t'as quelques minutes de rab'», répondit-il à cette imploration silencieuse en refermant la porte.
Son bain était chaud. Il fallait maintenant éteindre le feu s'il ne voulait pas cuire.
Il aimait prendre son bain calmement. La chaleur engourdissante et relaxante de l'eau était inégalable. Ça et son chocolat étaient ses seuls plaisirs. Avec sa chienne bien évidemment. Il l'avait retrouvé dans la rue, seule et errante. Il n'aimait pas la voir perdue comme cela. Il n'aimait pas voir les animaux souffrir. Ainsi, il l'a prit sous son aile, pensant ses blessures et reprenant son éducation. Un petit peu comme son travail à l'orphelinat. Il aimait aider ceux qui étaient dans le besoin.
Une fois son bain finit, il se sécha rapidement et remplit la gamelle par terre avec l'eau de son bain. Il ne fallait pas gâcher. Après tout il n'y avait pas de savon et c'était une chienne.
Le maître alla ouvrir à sa chienne.
«Allez, viens cette fois-ci.», lui ordonna-t-il d'un ton sans appel.
La chienne rentra, marchant lentement avec ses quatre pattes. Elle alla jusqu'à la gamelle pour boire aussi vite qu'elle pouvait.
Il avait vraiment dut tout refaire chez elle. Même physiologiquement. Elle était mal formé. Ses pattes arrières étaient bien trop longue. Elle ne pouvait pas bien marcher sur quatre pattes. Il avait beau avoir tout essayé, soit elle essayait de marcher sur ces genoux, soit elle rampait quasiment. Même si ça lui a brisé le cœur, il n'a eu d'autre choix que d'amputer le surplus. Il a empêché le trop grand saignement avec un garrot à chaque moignon. Elle n'avait donc plus véritablement de pattes arrières mais elle avait tout de même des bandages pour pouvoir marcher avec. Elle avait aussi souvent ses chaleurs. Une fois par mois quasiment. Mais comme ça ne durait jamais très longtemps, ça allait. Il n'y avait pas trop de sang à nettoyer à chaque fois. Le plus inquiétant était surtout les coupures qu'elle s'était faite lorsqu'elle est passée sous le grillage. Elles s'étaient infectés. Malheureusement, elle ne pouvait pas voir un vétérinaire. Les vétérinaires ne soignaient pas ce genre de chienne.
L'homme balança un morceau de viande crue dans le sous-sol et dit à son animal:
«Allez, rentre, faut que j'aille bosser.»
La chienne la regarda avec ses jolis yeux bleus que la maltraitance et la fatigue n'avaient réussit qu'a les faire pâlir un peu. Elle ouvrit sa gueule et essaya de prononcer un mot
«Ptfff...»
Elle s'y reprit en retenant un sanglot.
«Pitié...», souffla-t-elle.
Son maître lui donna un léger mais non moins violent coup de pied entre les côtes.
«Les chiennes ne parlent pas! Maintenant, rentre dans ton foutu sous-sol!», cria-t-il à son animal.
Sa chienne resta immobile un moment, mais se remit à bouger assez rapidement. Elle savait qu'il ne fallait pas le faire attendre. Elle marcha lentement jusqu'à sa salle. L'homme la poussa légèrement avec son pied pour la faire avancer un peu plus vite puis ferma la porte à clé.
Pourquoi était-elle étrange comme cela... hum... peut-être s'ennuyait-elle? Oui, c'est certainement ça. Elle devait s'ennuyer. Il se promit d'en ramener une autre ce soir. Peut-être qu'elle pourra alors moins s'ennuyer.
L'homme sortit en sifflotant, sans prendre ses clés. Elles étaient déjà sur le contact de la voiture et il était inutile de fermer la maison a clé. Il partit et ne laissa derrière lui que le silence. Car tout était silencieux dans la petite maison. Tout était toujours silencieux. Il faut dire qu'il n'y a pas énormément de voisinage en plein milieu de la forêt. Personne ne se promenait ou chassait par ici. Trop éloigné d'une véritable ville. Tout était toujours silencieux. Même la chienne qui n'avait plus la force de se battre restait dans l'obscurité et le silence. Car tout était silencieux dans la petite maison.
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